L’eau douce du fleuve Congo déversée dans l’océan vaut 394 milliards Usd non captés chaque année (prof Raphaël Tshimanga)

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Alors que l’Est de la RDC est en proie à des guerres répétitives autour de ses richesses minières, le Congo laisse couler 394 milliards de dollars américains chaque année dans l’eau. C’est le message clé porté par le Professeur Hydrologue Raphaël Tshimanga lors de la journée scientifique de la deuxième édition du Festival Kongo River. L’activité s’est déroulée au Restaurant du Parc de la N’Sele dit Kingakati, en face de scientifiques, professionnels, agents des services publics et amateurs du fleuve Congo. 

Pour lui, le Congo est coupable de manque de solidarité universelle vis-à-vis des pays du Saël qui connaissent des pénuries d’eau. « Pendant que nous jetons jusqu’à 1300 milliards de m3 d’eau douce par an dans l’océan Atlantique, d’autres pays voisins dans les zones désertiques en manquent. «C’est absolument absurde et voir même criminel de décharger près de 41.000 m3/s dans l’océan, alors que les besoins à satisfaire sont légions. C’est ici que les principes de gestion doivent agir, de faire le trade off entre la conservation et l’optimisation des usages » », a-t-il déclaré.

Durant 20 minutes, le Professeur a présenté les opportunités d’investissement et de développement de l’industrie de l’eau dont les points suivants ont retenu notre attention.

L’eau comme moteur de développement économique

L’eau douce est un bien vulnérable, rare et économique qui doit être convenablement gérée parce qu’elle ne représente que 0,3% de l’ensemble des eaux de la terre. Le Professeur Raphaël Tshimanga considère que rejeter plus de 40 000 m3/s d’eau douce du fleuve Congo dans l’océan sans les avoirs préalablement utilisés constitue un gaspillage, un crime social quand on sait qu’autour du Lac Tchad, les populations souffrent de manque sévère d’eau.

Quand on considère l’excédent d’eau récupérable entre le débit maximum du fleuve en période d’inondation et le débit minimum en période des creux, il se dégage une réserve qui représente 394 milliards de USD si nous prenons à 0,5$ la valeur marchande du mètre cube. Le professeur Raphaël précise que c’est sur cette notion de réserve que s’articulent la loi de l’eau. Rappelons que le budget annuel de la RDC est de 10 milliards de dollars américains pour l’année 2022. Ce qui veut dire qu’arriver à valoriser ne fût-ce que 10% de la perte annuelle de la valeur d’eau douce de la réserve couvrirait 4 fois le budget annuel du Pays, ce qui représente 30 fois plus de recette que le secteur minier n’apporte au Gouvernement congolais à ce jour.

En dehors de cette perte, il existe d’énormes opportunités d’exploitation des ressources en eau du bassin du Congo. En effet, le bassin du Congo représente le 2ème plus grand bassin fluvial au monde après l’Amazonie. 62% des eaux du bassin du Congo sont produites par la RDC. Le reste des eaux du bassin du Congo viennent de l’Angola, de la Tanzanie, de la Zambie, du Rwanda, du Burundi, du Cameroun, de la Centrafrique et du Congo Brazza. Le fleuve Congo est actuellement le 5ème plus long cours d’eau au monde et 2ème en termes de superficie de drainage.

De l’ensemble de ses caractéristiques, le bassin du Congo offre des opportunités d’investissement et de développement des services suivants :

Hydroélectricité

La production électrique actuelle qui déserte 9% de la population. Elle s’élève à 2700 MW alors qu’elle peut être portée à 44000 MW à l’exutoire. Même avec cela, il resterait par ailleurs plusieurs points d’installation de centrales hydroélectriques sur le bassin. Le Nil dont le potentiel électrique à l’exutoire s’évalue à la moitié du potentiel du fleuve Congo produit actuellement la même quantité d’électricité que la RDC. 

Notons que l’Angola vient de finaliser la construction d’un barrage hydroélectrique de 2070 MW et commence un autre barrage plus important dans les mois qui viennent.

Neo

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