France-Afrique: Le sommet pour relancer l’économie africaine s’ouvre ce mardi à Paris

0
1276

L’Afrique a subi l’an dernier sa première récession (-2,1 %) en un quart de siècle à cause du Covid-19. Pas vraiment par suite des dégâts sanitaires, puisque le continent a enregistré officiellement 130.000 décès, moins que le seul Royaume-Uni, ou de l’impact des restrictions, moins sévères qu’ailleurs. Mais le continent noir a vu ses exportations vers les pays occidentaux s’effondrer. Certes, un rebond de 3,4% est attendu cette année, et de 4% l’an prochain. Mais une relance durable du continent passe par la résolution du problème récurrent du financement de son économie, thème du sommet qui s’ouvre ce mardi à Paris sous présidence française.

Une quinzaine de chefs d’Etat africains (Afrique du Sud, Angola, République démocratique du Congo, Côte d’Ivoire, Egypte, Ethiopie, Mauritanie, Mali, Tunisie, etc.) sont attendus en présentiel, en sus des chefs de gouvernement italien et portugais, des dirigeants de l’Union européenne, de la Banque mondiale, de la Banque africaine de développement, de l’OCDE, de l’Organisation mondiale du commerce, de la BERD, du FMI et de représentants de haut niveau chinois et américain. L’idée de ce sommet avait germé à l’Elysée à l’automne quand le FMI avait estimé que l’Afrique risquait de manquer de financement, jusqu’à 290 milliards de dollars d’ici à 2023.

Le sommet planchera sur les modalités d’annulation ou de restructuration d’une partie de la dette des pays africains dans la foulée de celle demandée par la Zambie, le Tchad et l’Ethiopie. Dans une tribune commune en avril, une vingtaine de chefs d’Etats africains avaient réclamé un moratoire sur la dette publique et une sanctuarisation de l’aide au développement, afin notamment de permettre l’achat de matériel médical pour lutter contre le Covid-19. Les partenaires de l’Afrique ont bien conscience, comme le souligne la présidence française, qu’une relance fondée sur un nouveau cycle d’endettement public ne « mènerait nulle part ».

Si la dette des Etats africains, entre 35 % et 50 % du PIB, est inférieure, rapportée au PIB, à celle de leurs homologues occidentaux, elle est lourde à refinancer. De fait, la collecte fiscale permettant d’en honorer le service est relativement faible en proportion du PIB en raison notamment du poids de l’économie grise, reflet d’une méfiance des populations. La lutte contre ces fléaux et l’affermissement du droit de propriété seront autant de questions abordées lors du sommet de mardi.

Les PME moteurs de la relance

Autre thème majeur du sommet, l’amélioration impérieuse de l’accès au crédit des PME africaines, moteur de la croissance du continent depuis des décennies. L’Afrique n’a pas les moyens de lancer un plan de relance post-Covid comme celui des Etats-Unis (2.000 milliards de dollars) ou de l’Union européenne (750 milliards d’euros). L’Elysée fonde donc de grands espoirs sur l’émission de droits de tirages spéciaux (DTS), une quasi-monnaie du Fonds monétaire international. Elle est politiquement acquise et sera validée juridiquement en juin. Cette émission, la quatrième de l’histoire du FMI, devrait atteindre l’équivalent de 650 milliards de dollars, près de 2,5 fois plus que la dernière émission lors de la crise financière de 2009. Cette injection de liquidités permettra d’acheter des devises classiques, de réduire la dette ou d’importer des produits essentiels.

34 milliards pour l’Afrique

Les quotes-parts de l’Afrique au FMI devraient lui permettre de bénéficier de 34 milliards de DTS, dont 24 milliards pour l’Afrique subsaharienne, mais c’est insuffisant, estime la présidence française. Pourquoi les pays riches, qui n’ont pas vraiment besoin de ces DST, n’utiliseraient pas leur part au profit de l’Afrique ? L’Elysée suggère, puisqu’un prêt direct aux pays est interdit par les statuts du FMI, de passer par une des filiales de ce dernier, le Fonds pour la réduction de la pauvreté et la croissance (FRPC) pour l’octroi de crédits à taux nul ou de crédits à dix ans avec cinq ans de grâce pour les remboursements.

Article précédentRDC/Journée du 17 mai: le gouvernement promet d’améliorer les conditions de vie des militaires
Article suivantRDC-audit du secteur des Transports: Cherubin Okende suspend tout recrutement et autre mouvement du personnel à titre conservatoire

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici