Le président Félix Tshisekedi, se rendra en Chine la semaine prochaine. Les deux pays veulent la renégociation de l’accord de 6,2 milliards de dollars portant sur l’échange de minerais contre des infrastructures, nous a indiqué une source à la présidence de la République.
Ça sera la première visite du président Tshisekedi dans ce pays, qui est le principal partenaire commercial du Congo. Les deux pays ont réalisé des échanges commerciaux d’une valeur de 21,7 milliards de dollars en 2022, selon des données compilées par Bloomberg.
M. Tshisekedi a affirmé lors d’une réunion du gouvernement que l’équipe chargée de travailler sur les points spécifiques devant faire l’objet des discussions avec la partie chinoise, en vue du rééquilibrage de cet accord pour le rendre véritablement gagnant-gagnant a déposé ses conclusions, ce qui permet de lancer des discussions avec nos partenaires chinois lors de son voyage en chine.
M. Tshisekedi devrait se rendre à Pékin, Shanghai et Shenzhen du 24 au 29 mai. Il sera accompagné des ministres des mines, de l’hydroélectricité et de la défense. Outre sa rencontre avec son homologue Xi Jinping, M. Tshisekedi devrait également visiter un certain nombre d’entreprises spécialisées dans les batteries, l’énergie, l’exploitation minière et la technologie a annoncé le ministère chinois des affaires étrangères.
En 2008, le Congo a signé un accord avec des entreprises publiques chinoises pour financer des projets d’infrastructure d’une valeur de 3 milliards de dollars en utilisant les recettes d’une mine de cuivre et de cobalt d’une valeur de 3,2 milliards de dollars. Cet accord historique a été signé à un moment où le Congo luttait pour obtenir des financements après des années de guerre.
Un contrat déséquilibré
En janvier dernier, M. Tshisekedi a déclaré que ce contrat était « mal rédigé » et que le Congo n’en avait « tiré aucun bénéfice ». Alors que la mine a produit des métaux d’une valeur supérieure, les partenaires chinois n’ont déboursé qu’environ 822 millions de dollars de financement d’infrastructures sur 14 ans, a déclaré l’inspecteur général du pays dans un rapport en février.
L’IGF a accusé les entreprises chinoises de malversations financières, notamment en matière de prix de transfert et de dumping, et a demandé qu’elles soient condamnées à une amende de 100 millions de dollars pour avoir enfreint les contrôles de capitaux prévus par le code minier du pays qui interdit de rapatrier pas plus de 2 milliards de dollars de recettes d’exportation.
L’inspecteur général a demandé aux partenaires chinois de débloquer un milliard de dollars pour le financement des infrastructures cette année et de modifier le contrat afin de garantir que la moitié des futurs contrats d’infrastructure soient attribués à des entreprises congolaises. L’ambassade de Chine a rejeté les conclusions du rapport à l’époque.
Des milliards de royalties
Le Congo négocie également un accord final avec le groupe chinois CMOC Group Ltd, qui est en conflit avec son partenaire, l’entreprise publique Gecamines, au sujet de la mine de cuivre et de cobalt Tenke Fungurume. La Gecamines affirme que CMOC doit des milliards de dollars de redevances et qu’un administrateur judiciaire a bloqué les exportations de Tenke en juillet dernier.
Bien que CMOC et Gecamines se soient mis d’accord sur les grandes lignes d’une résolution, ils doivent encore signer un accord final, a déclaré Guy-Robert Lukama, président de Gecamines, lors d’une interview accordée à Bloomberg jeudi à Kinshasa, la capitale du Congo. Dans l’intervalle, la coentreprise a repris les exportations de cuivre extrait en 2022, mais le ministère des finances lui interdit toujours d’exporter du cobalt, a-t-il dit.
La CMOC n’a pas répondu aux questions envoyées par courriel vendredi. Des représentants de Gecamines, qui est également un partenaire dans le contrat « minéraux contre infrastructure », se rendent également en Chine.
