La République démocratique du Congo, riche en ressources naturelles, continue de voir son développement compromis par la corruption endémique qui gangrène la gestion des fonds publics. Selon une campagne conjointe de l’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) et de la Ligue Congolaise de Lutte Contre la Corruption (LICOCO), plusieurs projets financés entre 2019 et 2024 ont été entachés de détournements massifs, sans que les responsables ne soient inquiétés.
Parmi les projets emblématiques figurent le Programme des 100 Jours (plus de 500 millions USD), le RAM ou Redevance sur les Appareils Mobiles (250 millions USD), ou encore la construction de l’Arena de Kinshasa (126 millions USD). À cela s’ajoutent des projets sociaux cruciaux tels que l’assistance aux victimes de guerre à l’Est (70 millions USD) ou l’impression des cartes d’identité biométriques (697 millions USD), dont les fonds ont été dilapidés. Les citoyens, à travers la campagne « Tokobosana te », rappellent qu’ils n’oublieront jamais ces promesses trahies.
Un impact économique dévastateur
La corruption ne se limite pas à un problème moral ou politique : elle a un impact direct sur l’économie nationale. Les milliards engloutis dans des projets fictifs ou inachevés auraient pu financer des infrastructures routières, moderniser les hôpitaux, soutenir l’agriculture, ou encore impulser la diversification économique. Au lieu de cela, le pays reste dépendant de l’exploitation minière brute, sans réelle industrialisation.

Les pertes liées à ces détournements fragilisent également les finances publiques. L’État, privé de ressources, est contraint de recourir à l’endettement ou de solliciter davantage les partenaires internationaux. Cette dépendance mine la souveraineté économique et réduit la capacité du gouvernement à investir dans des secteurs porteurs comme l’éducation ou l’énergie.
Un frein à l’investissement et à la croissance
Pour les investisseurs étrangers, la corruption est un facteur de risque majeur. Elle accroît le coût des affaires, décourage les investissements directs étrangers et alimente l’instabilité institutionnelle. Dans un contexte où la RDC cherche à attirer des capitaux pour moderniser son économie, la persistance de l’impunité envoie un signal négatif aux marchés internationaux.
De plus, sur le plan social, la corruption nourrit la pauvreté. Les Congolais ne voient pas l’impact des milliards dépensés en leur nom : routes impraticables, écoles délabrées, services sociaux inexistants. Cette situation accentue le chômage, freine la productivité et limite la compétitivité du pays sur l’échiquier régional.
une lutte urgente et nécessaire
La campagne ODEP-LICOCO rappelle une évidence : sans une véritable lutte contre la corruption et l’impunité, le développement de la RDC restera un mirage. La transparence dans la gestion des ressources publiques, la sanction des auteurs de détournements et la restitution des fonds volés doivent devenir des priorités nationales.
Car, comme le clament les citoyens : Tokobosana te.
Olivier Masini