
Le marché monétaire congolais traverse une phase de léthargie inquiétante, selon la Banque Centrale du Congo (BCC). Dans sa note de conjoncture au 29 août 2025, l’institution révèle l’absence quasi totale d’activité sur les guichets de refinancement, pourtant cruciaux pour la fluidité du système bancaire et le financement de l’économie réelle.
En effet, le guichet de prêt par adjudication, introduit en juin 2025 dans le cadre de la réforme des instruments de politique monétaire, n’a enregistré aucune opération depuis sa création. De même, le guichet de prêts à court terme, actif jusqu’en 2024 avec un volume de 6.025 milliards CDF, reste désespérément vide. Quant au guichet de prêt marginal, il n’a totalisé que 60 milliards CDF au mois d’août, contre un cumul annuel de 610 milliards, un niveau jugé faible au regard des besoins de liquidité des banques.
Le marché interbancaire, censé jouer un rôle clé dans la redistribution de la liquidité, n’a pas non plus fonctionné durant la période sous revue. Le volume cumulé des transactions s’établit à seulement 342 milliards CDF depuis janvier, traduisant un manque de dynamisme inquiétant. Les taux d’intérêt pratiqués restent élevés : 24 % sur le marché interbancaire et 30 % au guichet marginal, des niveaux qui renchérissent le coût du crédit et limitent l’accès des entreprises, en particulier les PME, aux financements bancaires.
L’impact économique est majeur. Ce ralentissement prive les banques commerciales de mécanismes efficaces pour gérer leur trésorerie, accentue leur frilosité à prêter et freine la circulation monétaire. En conséquence, l’investissement productif peine à se développer, alors même que la RDC affiche un potentiel minier et agricole considérable. Dans un contexte où le gouvernement cherche à diversifier l’économie et soutenir le secteur privé, l’atonie du marché monétaire constitue un frein sérieux à la croissance inclusive.
Pour redonner vie à ce marché, la BCC devra renforcer la confiance des acteurs financiers en stabilisant le cadre macroéconomique, tout en adaptant ses instruments de refinancement aux réalités locales. La dynamisation du marché monétaire apparaît comme une condition essentielle pour réduire le coût du crédit, favoriser l’investissement et renforcer la résilience de l’économie congolaise face aux chocs externes.
Olivier Masini