RDC : un budget tourné vers la survie, pas vers l’investissement

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Photo: Construction de Saut-de-mouton de Pompage à Kinshasa

Alors que le gouvernement Suminwa II a soumis au Parlement le projet de Loi de Finances 2026, l’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) tire la sonnette d’alarme : la République Démocratique du Congo se prive d’un véritable moteur de développement en négligeant les investissements publics.

Dans son communiqué n°35, l’ODEP dénonce un budget dominé par les charges de fonctionnement, tandis que les crédits d’investissement  censés créer de la richesse et des emplois sont exécutés à moins de 5 % de leurs prévisions. Une situation qui, selon son président Florimond Muteba Tshitenge, illustre « une crise structurelle de gouvernance budgétaire ».

« Un budget sans investissements est une dépense sans avenir », martèle-t-il.

L’État dépense, mais ne construit plus

Depuis plusieurs exercices, le budget national s’est transformé en un outil de gestion administrative plutôt qu’un instrument de transformation économique. Routes, hôpitaux, écoles et énergie autant de domaines abandonnés au profit du fonctionnement des institutions.

Pour l’ODEP, cette dérive entretient la pauvreté, la dépendance à l’aide extérieure et la corruption. L’organisation plaide pour une réhabilitation du sous-compte investissement à la Banque Centrale du Congo (BCC), afin d’assurer la traçabilité et la discipline financière.

« La rigueur budgétaire ne consiste pas à réduire les dépenses, mais à investir chaque franc public là où il produit le plus de valeur collective », souligne l’ODEP.

Réhabiliter l’investissement public : un impératif de souveraineté

L’ODEP appelle à la relance du processus PPBS (Planification, Programmation, Budgétisation et Suivi-Évaluation), outil clé pour une gouvernance moderne des finances publiques. Selon l’organisation, l’investissement public est un acte de souveraineté économique : il démontre la volonté de l’État de se prendre en charge et de réduire sa dépendance financière.

Les priorités devraient cibler les infrastructures de base, l’éducation, la santé et le secteur agricole, des leviers essentiels pour une croissance inclusive et durable.

« L’avenir d’un pays ne se décrète pas dans les discours, il se construit dans le budget », rappelle le PCA de l’Odep Florimond Muteba.

Vers un budget de transformation

À la veille du vote du Budget 2026, l’ODEP exhorte les parlementaires à opérer un changement de paradigme : passer d’un budget de survie à un budget de transformation. Pour l’organisation, le redressement de la RDC passe par la réhabilitation du Ministère du Plan et une culture budgétaire axée sur les résultats.

La République Démocratique du Congo ne peut plus se contenter de dépenser : elle doit investir pour exister. 

Olivier Masini 

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