RDC: Cobalt à prix cassé : plus d’1,8 milliard $ envolés, le CNPAV exhorte le gouvernement à agir pour sauver les intérêts du pays 

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La coalition Congo n’est pas à vendre (CNPAV) tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme sur les pertes colossales que subit la République Démocratique du Congo dans la gestion de ses ressources minières. Dans une étude au titre évocateur « Cobalt à prix cassé, corruption à plein tarif » la plateforme dénonce un bradage massif des actifs miniers de la Gécamines dans le projet Mutanda Mining, évalué à plus d’1,8 milliard de dollars américains de manque à gagner pour l’État congolais.

Lors d’une conférence d’échanges tenue à Kinshasa, réunissant les acteurs de la société civile, le corps diplomatique et les organisations œuvrant dans le secteur minier, le CNPAV a défendu la rigueur de son analyse, mise en doute par la société Ventura. Le coordonnateur de la coalition, Dirk, a recadré le débat en présentant des faits vérifiables :

« La Gécamines n’a reçu que 244 millions USD, alors que les partenaires privés ont encaissé jusqu’à 1,8 milliard USD. Cela représente une perte directe pour le Trésor public dans un secteur stratégique pour la transition énergétique mondiale. »

CNPAV : “Le cœur du problème, c’est l’opacité”

Selon le rapport, les transactions entourant la cession des actifs de la Gécamines ont été marquées par l’absence d’appel d’offres, la non-publication des contrats et la dissimulation de royalties liées aux sociétés de l’homme d’affaires Dan Gertler. Ces pratiques auraient privé le pays de revenus majeurs alors même que le cobalt congolais représente plus de 70 % de la production mondiale.

Le CNPAV souligne que le cobalt est au cœur de la révolution énergétique mondiale, notamment pour la fabrication des batteries électriques. Dans ce contexte, la perte de contrôle de l’État sur ses ressources stratégiques compromet gravement la souveraineté économique et la capacité de la RDC à tirer profit de la transition énergétique globale.

Ventura sous le feu des critiques

La société Ventura, réagissant à la publication du rapport, a tenté de discréditer l’étude du CNPAV en mettant en doute ses méthodes et ses chiffres. En réponse, la coalition a publié une note de clarification intitulée “Royalties occultées, le silence calculé de Ventura”, réaffirmant la validité de ses sources et la transparence de sa démarche.

 « Au lieu d’aborder le fond, certains acteurs cherchent à détourner l’attention avec des attaques personnelles. Nous, nous parlons de faits, de chiffres et de justice », a insisté Dirk.

Appel à l’action du gouvernement congolais

Face à ces révélations, le CNPAV appelle le gouvernement congolais à rompre le silence et à soutenir activement le combat pour la transparence et la redevabilité dans le secteur minier. La coalition recommande la mise en place d’un audit indépendant sur la cession des parts de la Gécamines dans Mutanda Mining et la poursuite judiciaire des cas de corruption liés à ces transactions.

Cette démarche, selon le CNPAV, permettrait non seulement de récupérer des fonds perdus mais aussi de restaurer la confiance des citoyens et des partenaires internationaux dans la gestion des ressources naturelles du pays.

« Le cobalt doit financer la reconstruction nationale, pas l’enrichissement illicite d’un petit groupe », a martelé le coordonnateur.

Enjeux pour le gouvernement :

Soutenir le CNPAV, c’est défendre les intérêts économiques de la RDC et assurer que chaque franc tiré du sous-sol congolais serve le développement du pays. À l’heure où la planète se tourne vers les énergies vertes, la transparence dans la gestion du cobalt n’est plus une option, mais une urgence nationale. 

Olivier Masini 

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