Après 65 ans d’indépendance, le système éducatif congolais reste prisonnier d’un modèle hérité de la colonisation. C’est le constat sans appel dressé par l’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) dans son étude intitulée « 65 années d’un système éducatif néocolonial, véritable frein au développement », signée par Florimond Muteba Tshitengé.
Selon le rapport, l’école congolaise actuelle perpétue une logique d’aliénation culturelle et de dépendance économique.
« Le projet éducatif colonial visait à former des exécutants dociles et non des citoyens libres », rappelle Florimond Muteba Tshitenge, Président du Conseil d’Administration de l’Odep.
Or, plus de six décennies après l’indépendance, le pays n’a toujours pas redéfini une éducation tournée vers ses besoins réels de développement.
L’ODEP pointe la désorganisation chronique du secteur : infrastructures délabrées, enseignants démotivés, programmes inadaptés et explosion démographique incontrôlée. Les politiques éducatives successives n’ont pas su établir une vision cohérente, encore moins relier l’éducation à la transformation économique nationale.
Le document dénonce aussi l’influence des bailleurs internationaux comme le FMI, dont certaines mesures ont fragilisé le système, notamment le licenciement de 40 000 enseignants en 1984.
Pour l’ODEP, le salut passe par une rupture idéologique : refonder l’école congolaise pour former des citoyens autonomes, créatifs et productifs, capables de contribuer au progrès collectif.
L’organisation plaide pour la convocation urgente des États généraux de l’éducation, afin de repenser les programmes, la formation des enseignants, les méthodes pédagogiques et le financement du secteur.
L’étude souligne que l’éducation n’est pas un coût, mais un investissement stratégique. L’État doit augmenter la part du PIB allouée à l’enseignement, notamment au primaire, socle de tout développement humain.
L’ODEP recommande aussi de diversifier les sources de financement : partenariats public-privé, fonds éducatifs et contributions citoyennes, tout en garantissant la transparence et le contrôle public des dépenses.
En conclusion, l’ODEP appelle à bâtir une école “libératrice”, affranchie du modèle importé, enracinée dans la culture congolaise et tournée vers l’innovation. Une école capable non seulement d’instruire, mais surtout de transformer la société.
Olivier Masini



