La lutte contre la corruption en République démocratique du Congo peine encore à produire des résultats concrets, malgré les nombreux rapports, dénonciations et enquêtes portées par les organisations de la société civile. C’est dans ce contexte que le Congo n’est pas à vendre (CNPAV), structure citoyenne engagée dans la transparence et la gouvernance, a tenu une conférence de presse, ce mercredi 29 octobre 2025, à Kinshasa.
Sous la coordination de Dirk Shaka, le CNPAV a présenté la revue Kanyaka Rushwa n°4, consacrée aux enquêtes sur plusieurs dossiers emblématiques de corruption, dont celui de FRIVAO, où seulement 1 % des fonds destinés à indemniser les victimes auraient été effectivement utilisés à cette fin. L’organisation a également évoqué la note Mutanda Mining et les révélations sur le bradage des ressources naturelles, tout en réagissant à la note controversée de Ventora, société liée à l’affaire Gécamines–Dan Gertler.
Au-delà du constat accablant, le CNPAV appelle à une synergie d’action entre les organes de contrôle de l’État, la justice et la société civile. Pour Dirk Shaka, cette collaboration est indispensable afin de donner une véritable portée aux enquêtes et de permettre à l’État de récupérer les biens publics détournés.
“Les organes de contrôle disposent des moyens légaux et d’un accès aux données que les organisations citoyennes n’ont pas. En travaillant ensemble, nous pouvons pousser la justice à agir et rendre les institutions véritablement redevables”, a-t-il plaidé.
Dans une intervention par visioconférence, Jean-Claude Mputu, porte-parole du CNPAV, a dénoncé la gestion opaque des fonds issus des affaires de corruption internationales. Il a notamment cité le cas de GLENCORE, dont une partie des amendes versées à la Suisse devait bénéficier aux victimes congolaises. L’organisation a lancé une pétition pour exiger que cet argent soit restitué, mais sans passer par le gouvernement congolais, afin d’éviter de nouveaux détournements.
“Connaissant les précédents, il faut garantir que ces fonds servent réellement aux communautés concernées, via des mécanismes transparents ou des agences internationales”, a-t-il martelé.
Pour le CNPAV, la lutte contre la corruption ne peut être efficace que si les organes publics de contrôle sortent de la passivité et assument pleinement leur rôle dans la reddition des comptes. La corruption, rappelle l’organisation, mine la gouvernance, freine le développement et prive des millions de Congolais de services essentiels.
Enfin, le CNPAV a annoncé la deuxième édition du prix Kanyaka, prévue le 9 décembre 2025, Journée mondiale de lutte contre la corruption. Les Congolais sont invités à voter pour les acteurs qui se distinguent dans ce combat crucial pour la transparence et la bonne gouvernance.
Marcel Kilombo et Olivier Masini



