Le secteur minier de la République démocratique du Congo (RDC) est à un tournant. Lors de la conférence annuelle organisée par Glencore – DRC 2025 à Kinshasa, placée sous le thème « Garantir l’avenir : des normes mondiales à l’impact local », le ministre des Mines, Louis Watum, aux côtés de la Première Ministre, Judith Suminwa, a mis en lumière les enjeux majeurs ; la durabilité, bonne gouvernance, partage équitable des retombées et fin de l’ère d’une « ressource sans bénéfice pour le peuple ».
Ce discours, riche en chiffres et en engagements, donne matière à une analyse économique approfondie, centrée sur l’impact local, les défis à relever et les opportunités pour les jeunes entrepreneurs, le secteur privé et les institutions.
Le ministre rappelle que le secteur minier est « pilier essentiel de notre économie nationale ». Les chiffres le confirment . La RDC possède des ressources abondantes en cuivre et cobalt notamment et l’extraction de ces métaux contribue largement aux exportations.
D’après la World Bank, l’économie congolaise a affiché une croissance de 6,5 % en 2024, largement portée par le secteur extractif (+12,8 %) : un signal clair de l’importance stratégique de cette industrie.
En attirant près de 40 milliards USD d’investissements selon le ministre, et le soutien de près de 3 milliards USD de la Fonds Monétaire International (FMI), le message est fort : la RDC veut affirmer son attractivité.
Le ministre a mis l’accent sur la « nécessité d’attirer davantage de capitaux et de technologies de pointe, mais aussi de garantir un partage équitable des retombées minières ». Ce double objectif investissement + équité est fondamental pour que l’exploitation des ressources serve le développement national et local.
La gouvernance demeure cependant un sujet de vigilance : selon le Natural Resource Governance Institute (NRGI), la RDC présente une gouvernance de son secteur extractif « faible et caractérisée par l’opacité ».
Un autre rapport souligne que malgré la richesse minière, la population reste largement dans la pauvreté : « les revenus et autres bénéfices générés par le secteur n’ont pas été utilisés de façon sage ou durable ».
Pour les acteurs privés et les jeunes entrepreneurs, cela signifie : s’imposer dans un cadre transparent, respecter les normes, mais aussi s’engager à ce que les communautés locales bénéficient de l’activité. Le partage équitable n’est plus un slogan : c’est une condition de durabilité.
L’un des thèmes clés évoqués par le ministre est celui de l’impact local : « maximiser l’impact local du secteur minier ». Plus que jamais, c’est dans les provinces minières que se joue la crédibilité de l’industrie.
Sur le terrain, les défis sont nombreux, la pollution de l’eau, des sols et des cultures dans la région du Copperbelt, liée à l’extraction du cuivre et du cobalt. Conditions de travail difficiles, manque d’infrastructures de base dans les zones minières, selon un article de santé publique. Le constat de l’« équation ressource vs pauvreté ».
La RDC regorge de minerais, mais une large part de la population vit encore avec moins de 2 USD par jour.
Le ministre a par ailleurs évoqué la question de la post-exploitation minière, enjeu souvent sous-estimé mais stratégique pour garantir que les territoires ne soient pas abandonnés après la fin des activités. Cela implique des plans de réhabilitation, des transferts de compétences, et des engagements concrets.



