Accord du 4 décembre : l’ODEP dénonce un risque de “bradage organisé” des minerais de la RDC

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L’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) met en garde : l’Accord signé le 4 décembre 2025 à Washington pourrait fragiliser la souveraineté économique de la RDC. Présenté comme un outil de paix régionale, ce texte renferme, selon l’ODEP, des dispositions susceptibles d’ouvrir la voie à une mainmise étrangère sur les minerais stratégiques du pays.

L’analyse souligne que l’accord introduit des mécanismes de coopération régionale et internationale touchant à la sécurité, à la gestion des chaînes de valeur minières et au pilotage économique. Derrière cette architecture diplomatique, l’ODEP voit le risque d’une cogestion déguisée des ressources congolaises, notamment le cobalt, le coltan, le cuivre et le lithium.

L’organisation rappelle que la RDC ne bénéficie pas d’un tissu industriel capable de transformer ses minerais localement. L’intégration économique proposée dans l’accord, sans garde-fous, pourrait ainsi institutionnaliser le rôle de simple fournisseur de matières premières, au détriment de la création de valeur ajoutée nationale. Pire encore : l’accord ne prévoit ni obligations de transformation locale, ni avantages réservés aux entreprises publiques comme la Gécamines ou la Sakima, ni mécanismes garantissant des retombées pour les communautés minières.

L’ODEP alerte également sur le caractère intrusif de certains mécanismes de supervision externe pouvant influencer la politique économique et minière du pays. Elle parle d’un risque de “tutelle économique” qui pourrait imposer des normes et décisions dictées par des puissances étrangères.

Dans ses recommandations, l’ODEP appelle le gouvernement congolais à renforcer sa souveraineté, à exiger des partenariats équitables et à privilégier une coopération Sud-Sud plus avantageuse. Elle estime urgent de recentrer toute stratégie de coopération autour de la transformation locale des ressources et du développement national.

Pour l’ODEP, le Congo doit rester maître de ses richesses. Sans vigilance, l’accord du 4 décembre pourrait devenir un instrument de contrôle économique plutôt qu’un moteur de paix et de prospérité. 

Olivier Masini

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