Manono : AVZ Minerals dénonce un nouvel accord entre la RDC et KoBold Metals

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La société australienne AVZ Minerals a vivement critiqué ce lundi l’accord préliminaire conclu entre la République Démocratique du Congo (RDC) et la société américaine KoBold Metals, estimant qu’il viole une décision d’arbitrage international en cours concernant le projet minier controversé de Manono.

Situé dans le sud-est de la RDC, le site de Manono est considéré comme l’un des plus vastes gisements inexploités de lithium et d’étain au monde. Depuis 2023, ce projet est au centre d’un bras de fer juridique opposant AVZ Minerals au gouvernement congolais. La société affirme détenir une participation majoritaire dans Dathcom Mining, initialement bénéficiaire du permis d’exploitation du site.

Cependant, en mai 2023, les autorités congolaises ont révoqué cette licence, invoquant un manque d’avancement dans le projet, pour la réattribuer à une filiale du géant chinois Zijin Mining. AVZ a alors engagé une procédure d’arbitrage auprès du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI).

En janvier 2024, le CIRDI a ordonné au gouvernement congolais de reconnaître Dathcom comme détenteur légitime du permis d’exploitation et de protéger les droits d’AVZ jusqu’à la fin de l’arbitrage. Or, selon AVZ, l’accord conclu entre Kinshasa et KoBold en mai 2025, incluant un investissement d’un milliard de dollars pour le développement du projet, contrevient directement à ces injonctions.

« Cet accord mine la crédibilité des procédures d’arbitrage international et met en péril la sécurité juridique des investissements en RDC », a déclaré un représentant d’AVZ, appelant à une réévaluation urgente du partenariat avec KoBold.

Soutenue par des personnalités comme Bill Gates et Jeff Bezos via Breakthrough Energy Ventures, KoBold Metals est une start-up américaine spécialisée dans l’exploration minière par intelligence artificielle. L’entreprise s’impose progressivement comme un acteur clé dans la course aux métaux critiques.

Déjà active sur une soixantaine de projets à travers le monde, KoBold a récemment annoncé avoir identifié la plus grande découverte de cuivre en Afrique depuis un siècle. Son intérêt pour le lithium congolais s’inscrit dans une dynamique géostratégique : Washington multiplie ses efforts pour contrer l’influence de la Chine sur les chaînes d’approvisionnement en minerais.

Avec ses vastes réserves de cobalt, de cuivre, de tantale et désormais de lithium, la RDC reste un maillon incontournable dans la transition énergétique mondiale. Le partenariat avec KoBold est perçu comme un signal fort de l’ouverture du pays aux capitaux technologiques occidentaux.

Cependant, ce rapprochement soulève des questions sur la gestion des droits miniers, la transparence des accords et le respect des engagements juridiques. D’autant plus que d’autres entreprises américaines lorgnent désormais sur des actifs miniers stratégiques en RDC, comme Chemaf Resources.

Alors que le pays cherche à redéfinir sa stratégie minière pour mieux valoriser ses ressources, Tsieleka.com continuera à suivre de près les développements autour de Manono. Ce dossier emblématique illustre les tensions croissantes entre souveraineté nationale, arbitrage international et rivalités géoéconomiques.

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