Le procès de l’ancien président Joseph Kabila devant la Haute Cour militaire de Kinshasa s’annonce comme l’un des plus retentissants de l’histoire judiciaire de la République démocratique du Congo (RDC). Au cœur de cette affaire aux multiples ramifications sécuritaires et politiques : une accusation de haute trahison, de complicité avec le mouvement rebelle M23/AFC, ainsi que de crimes de guerre, incluant des actes de viol et de torture.
Mais c’est un autre élément qui fait polémique cette semaine : les honoraires dépassant 2 millions de dollars alloués aux avocats de la République pour assurer la défense de l’État. Une somme jugée « modeste » par Me Kabengela Ilunga, avocat principal de la partie gouvernementale. Selon lui, « ce dossier est explosif. Les avocats sont menacés, certains ne dorment plus chez eux. La mobilisation de fonds est vitale pour la sécurité et l’efficacité de l’équipe chargée de défendre les intérêts nationaux ».
L’ancien chef de l’État, dont l’immunité a été levée en mai dernier par le Parlement, crie au complot et dénonce une « justice instrumentalisée par le régime Tshisekedi », qu’il qualifie de « dictature ». Ses avocats dénoncent une procédure biaisée, tandis que ses partisans crient à la chasse aux sorcières.
De son côté, l’Auditeur général des Forces armées (FARDC) affirme détenir des preuves accablantes : des fichiers audio, des conversations cryptées avec des hauts cadres du M23, et des vidéos compromettantes mettant directement en cause Kabila dans un présumé plan de déstabilisation militaire. Son retour controversé à Goma, zone de forte activité rebelle, a ravivé les soupçons.
Initialement prévu pour le 1er août 2025, le procès a été reporté au 7 août, à la demande des avocats de la République, qui évoquent la nécessité d’ajuster leur stratégie juridique face à un adversaire qualifié de « redoutable et déterminé ».
Alors que la RDC retient son souffle, ce procès pourrait bien redéfinir les contours de la justice militaire et marquer un tournant historique dans la lutte contre l’impunité des hauts responsables politiques en Afrique centrale.
Olma