Une tension grandissante oppose le gouverneur de province Grâce Bilolo aux bourgmestres des communes de Boma et Matadi, autour de la gestion jugée opaque des fonds publics affectés aux entités territoriales décentralisées (ETD). Dans une lettre officielle adressée au gouverneur, les deux autorités locales dénoncent un retard injustifié dans le paiement de la rétrocession, mettant en péril le développement local pour l’année 2025.
Selon les données officielles du Ministère du Budget, les transferts effectués par le Pouvoir central à la province du Kongo Central au 31 mars 2025 s’élèvent à 2 904 954 522 Francs congolais (CDF). Ce montant comprend 2,3 milliards CDF pour le fonctionnement et 600 millions CDF pour les investissements.
Par ailleurs, les informations issues du journal des opérations de la Banque Centrale du Congo révèlent qu’entre janvier et juin 2025, un total de 9 041 243 003 CDF a été distribué entre l’Assemblée provinciale et le Gouvernement provincial pour les frais de fonctionnement.
Malgré ces chiffres conséquents, les communes de Boma et Matadi n’ont reçu aucun fonds, contrairement aux dispositions prévues par la législation en vigueur.
Les bourgmestres rappellent que la loi prévoit une rétrocession équitable à hauteur de 40 % au profit des ETD, afin de leur permettre de mettre en œuvre leurs plans d’actions annuels. Ils s’appuient notamment sur l’article 7 de l’ordonnance-loi n°18/004 du 13 mars 2018, qui définit la répartition des taxes d’intérêt commun entre les niveaux provincial et local.
“Le développement à la base prôné par le Président de la République ne peut devenir réalité si les communes ne reçoivent pas les moyens nécessaires à leur mission”, alertent-ils dans leur courrier.
Une gestion des finances publiques pointée du doigt
Ce bras de fer met en lumière une problématique récurrente en République Démocratique du Congo : la mauvaise gouvernance financière au niveau provincial et le non-respect des mécanismes de rétrocession des recettes publiques.
Alors que la décentralisation est censée rapprocher les services de base des citoyens, l’absence de financement met à mal les efforts de développement des collectivités locales, en particulier dans des villes stratégiques comme Matadi (capitale du Kongo Central) et Boma (ville portuaire historique).
En demandant des explications claires sur la gestion des fonds et le respect du cadre légal, les bourgmestres interpellent le gouverneur Grâce Bilolo sur ses responsabilités. Ce dernier est désormais sommé de publier la traçabilité des fonds transférés et de procéder au paiement immédiat des parts dues aux ETD.
De Favre