ZLECAf : vers une nouvelle ère industrielle en Afrique grâce aux règles d’origine adoptées à l’automobile et au textile

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Le mardi 16 septembre 2025, au Caire (Nouvelle Capitale d’Égypte), s’est tenue la 17ᵉ réunion du Conseil des ministres du Commerce de la ZLECAf. Une décision majeure y a été prise : les pays africains ont adopté des règles d’origine renforcées dans les secteurs de l’automobile et du textile, actant une part importante d’intrants devant provenir du continent. Pour les spécialistes, c’est un tournant pour l’industrialisation et le commerce intra‑africain. Voici ce qu’il faut retenir  et ce que cela change pour la RDC et ses voisins.

Les États membres de la ZLECAf exigent désormais que 60 % des intrants utilisés dans la fabrication automobile soient d’origine locale du pays producteur. Ce seuil s’inscrit dans une double ambition : valoriser les composants africains dans la chaîne de production, et limiter la dépendance aux intrants importés. 

Par ailleurs, des règles similaires sont adoptées pour le textile, afin de stimuler la production locale, faciliter les chaînes de valeur régionales et créer des emplois. 

Avec ces résolutions, l’Afrique se fixe des objectifs clairs: faire de ses 1,4 milliard de consommateurs un marché intégré plutôt qu’un simple réceptacle des produits importés; renforcer la production locale pour exporter davantage, tant au sein du continent qu’au-delà; accélérer le démantèlement tarifaire, c’est‑à‑dire la suppression progressive des droits et barrières entre pays africains, pour faciliter l’échange des biens manufacturés.

Ces mesures s’alignent avec les grandes ambitions de la ZLECAf : promouvoir l’industrialisation continentale, créer des chaînes de valeur régionales, et sortir de la simple fourniture de matières premières.

Pour la République démocratique du Congo, plusieurs implications apparaissent, le développement de l’industrie locale, notamment automobile et textile, si les capacités de production et les infrastructures s’améliorent; création d’emplois dans les usines, dans la transformation des intrants et dans les services logistiques; potentiel d’exportation au sein de l’Afrique, dans un marché où les barrières tarifaires reculent.

Il faut aussi noter des défis à relever parmi lesquels la mobilisation massive des intrants locaux. il faut des fournisseurs compétitifs, respectant les normes de qualité, ce qui nécessite investissements, formation, accessibilité des technologies; l’amélioration des infrastructures (routes, énergie, transport, douanes) pour que les coûts de production restent compétitifs; l’harmonisation des réglementations et application effective des règles d’origine : contrôle douanier, certification, douanes transparentes et le soutien de l’État : financement, incitations fiscales, partenariats publics‑privés.

Place de la RDC dans ce nouveau cadre

Le Ministre du Commerce Extérieur de la RDC, Julien Paluku Kahongya, a salué ces décisions comme une chance pour les pays africains de « cesser d’être les marchés des autres » et de renforcer une stratégie commune face aux chocs économiques globaux. La RDC pourra jouer un rôle central si elle met en œuvre des politiques industrielles ambitieuses, tire parti de ses ressources naturelles, et assure que les intrants transformés sur place soient de bonne qualité.

Un autre point abordé lors de la réunion concerne l’AGOA (Loi des États-Unis pour la croissance et les opportunités en Afrique). Face aux incertitudes de la politique étrangère américaine, les ministres africains ont évoqué l’avenir de cet accord, dans un contexte où l’autonomie économique et le commerce intra‑africain deviennent des priorités stratégiques. 

L’adoption des règles d’origine renforcées à la ZLECAf constitue un pas concret vers une Afrique plus industrialisée, moins dépendante des importations, plus intégrée économiquement. Pour la RDC et les autres États membres, c’est une occasion historique. Réussir ce virage dépendra cependant de la volonté politique, du soutien structurel, de la collaboration entre États et secteurs privés, et de l’adhésion des populations. Si ces conditions sont réunies, l’Afrique pourra concrétiser le rêve d’une transformation économique durable, au service de ses forces vives : ses industries, ses entrepreneurs, ses travailleurs.

De Favre

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