Le franc congolais connaît depuis quelques semaines un raffermissement notable face au dollar américain, une évolution qui intrigue l’opinion publique et intéresse particulièrement les opérateurs économiques. Réunie ce mardi à l’hôtel du Gouvernement, la Première Ministre Judith Suminwa Tuluka a présidé la session hebdomadaire du Comité de Conjoncture Économique , consacrée à cette dynamique monétaire et à ses implications économiques.Selon le Vice-premier Ministre en charge de l’Économie nationale, Daniel Mukoko Samba, la reprise du franc congolais n’est pas le fruit du hasard. Elle résulte de la coordination entre la Banque Centrale du Congo (BCC) et le Gouvernement.La BCC a procédé à un ajustement du niveau des réserves obligatoires tandis que le Gouvernement a poursuivi un resserrement budgétaire, axé sur la rigueur fiscale et la gestion des échéances. Ces mesures visent à renforcer la confiance des marchés, protéger le pouvoir d’achat et soutenir la consommation intérieure.
Impact économique direct sur les ménages et les entreprises
La stabilisation du FC entraîne une baisse relative des prix des biens importés, allégeant ainsi la pression sur le panier de la ménagère. Pour les entreprises, un taux de change plus stable réduit les incertitudes liées aux fluctuations monétaires et améliore la planification des investissements.
Cependant, cette reprise reste fragile. Les experts soulignent que la consolidation du franc congolais dépendra de la capacité du Gouvernement à maintenir une discipline budgétaire et à stimuler la production locale, condition essentielle pour réduire la dépendance aux importations.
La réunion du Comité de Conjoncture Économique a également abordé la question de la sécurisation des dépôts bancaires, un enjeu majeur pour la croissance. Les saisies récurrentes sur les comptes des grandes entreprises découragent les dépôts dans les banques, limitant ainsi la capacité de financement de l’économie.
Le Gouvernement promet d’annoncer bientôt des mesures pour restaurer la confiance, améliorer la liquidité bancaire et favoriser l’investissement productif dans les secteurs stratégiques comme l’agriculture, l’énergie et les infrastructures.
Maîtrise de la masse salariale et équilibre budgétaire
La réunion a enfin insisté sur la maîtrise de la masse salariale, dont la croissance rapide menace l’équilibre budgétaire. Si rien n’est fait, l’essentiel des recettes publiques risque d’être absorbé par les salaires au détriment des investissements. Or, le pays devrait clôturer l’année avec une inflation maîtrisée à 7,8 %, un signal positif pour la stabilité macroéconomique.
En misant sur la stabilisation monétaire, la discipline budgétaire et la sécurisation du système bancaire, le Gouvernement Suminwa veut consolider une économie congolaise plus résiliente et compétitive. Ce raffermissement du franc congolais, s’il se confirme, pourrait marquer un tournant décisif vers une croissance durable et inclusive.
Olivier Masini
