RDC : la Banque centrale allège sa politique monétaire pour relancer l’économie

0
34

La Banque centrale du Congo (BCC) a franchi un pas important dans sa politique économique. Mardi 1er octobre 2025, son Comité de politique monétaire (CPM) a annoncé une baisse significative de son taux directeur, qui passe de 25,0 % à 17,5 %. Soit une réduction de 750 points de base. Dans la même logique, le taux de la facilité de prêt marginal est ramené de 30,0 % à 21,5 %. Ce changement stratégique a été communiqué par le gouverneur de la BCC, André Wameso, lors d’un point de presse tenu à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo.

Cette décision constitue un virage majeur après plusieurs années d’une politique monétaire strictement restrictive, motivée par la nécessité de contenir l’inflation et de stabiliser la monnaie nationale, le franc congolais.

Une décision audacieuse dans un contexte de stabilité

L’assouplissement monétaire intervient à un moment où les indicateurs économiques donnent des signes de stabilisation. L’inflation, bien que toujours présente, semble sous contrôle. Le taux de change est relativement stable, et la croissance, bien que modeste, montre des signes d’amélioration dans certains secteurs.

En baissant le taux directeur, la BCC envoie un signal fort : elle souhaite relancer l’investissement et faciliter l’accès au crédit. Cette mesure devrait permettre aux banques commerciales de bénéficier de conditions de refinancement plus souples. En théorie, cela devrait se traduire par une baisse des taux d’intérêt appliqués aux crédits accordés aux entreprises et aux particuliers.

Le message est clair : il s’agit de créer un environnement plus propice à la croissance, à l’initiative privée et à la relance économique.

Des garde-fous maintenus

Malgré cet allègement, la BCC reste prudente. Les coefficients de réserve obligatoire restent inchangés : 12,0 % pour les dépôts à vue et 0,0 % pour les dépôts à terme en monnaie nationale, et respectivement 13,0 % et 12,0 % pour les dépôts en devises étrangères. Cela témoigne d’une volonté de ne pas libérer totalement la liquidité bancaire, afin de garder un certain contrôle sur la masse monétaire en circulation.

Ce dosage prudent permet de limiter les risques inflationnistes, tout en ouvrant une marge de manœuvre à l’économie réelle.

Une mesure à impact multiple

Pour les jeunes entrepreneurs et les PME, souvent confrontés à un accès limité au financement bancaire, cette décision pourrait représenter une bouffée d’oxygène. Si les banques jouent le jeu en baissant effectivement leurs taux, le coût du crédit pourrait devenir plus supportable. Cela permettrait de lancer ou d’amplifier des projets, de financer des cycles de production ou d’agrandir des activités.

Pour le secteur privé en général, cette mesure pourrait stimuler la consommation, encourager l’investissement et favoriser la création d’emplois, en particulier dans les secteurs productifs comme l’agriculture, les services, ou encore les industries de transformation.

Cependant, tout dépendra de la transmission de cette décision à l’économie réelle. Car une baisse du taux directeur ne garantit pas automatiquement une baisse des taux d’intérêt sur les prêts bancaires. Les banques commerciales restent libres de fixer leurs marges, en fonction de leur perception du risque, de la demande et de leurs propres contraintes.

Un nouveau cap pour la BCC

Depuis sa nomination, André Wameso semble vouloir redéfinir le rôle de la BCC. Cette décision s’inscrit dans une volonté de repositionner la politique monétaire comme levier actif du développement économique. La Banque centrale cherche désormais à jouer un rôle plus dynamique, en accompagnant la reprise plutôt qu’en se contentant de contenir les déséquilibres.

Ce changement d’approche est d’autant plus crucial que la RDC a besoin de renforcer sa base productive, d’attirer des capitaux locaux, et de soutenir une croissance plus inclusive. La stabilité macroéconomique reste une priorité, mais elle ne peut plus être obtenue au détriment de la vitalité économique nationale.

Un tournant à surveiller de près

La réussite de cette politique dépendra de plusieurs facteurs : la discipline budgétaire du gouvernement, le comportement des banques commerciales, la stabilité politique, ainsi que la capacité des institutions à suivre les impacts en temps réel.

Les Congolais attendent des résultats tangibles. Si cette baisse des taux se traduit par un crédit plus accessible, un regain d’activité économique et une amélioration des conditions de vie, alors ce tournant monétaire sera salué. Mais si elle reste sans effet sur le terrain, elle pourrait au contraire fragiliser la crédibilité de l’institution monétaire.

Quoi qu’il en soit, la BCC vient de poser un acte fort. C’est maintenant aux autres acteurs — banques, entreprises, État — de jouer leur partition pour transformer cet allègement monétaire en opportunité réelle pour l’économie congolaise.

Article précédentRDC : l’ODEP plaide pour un dialogue inclusif, clé d’une paix durable face à la crise sécuritaire

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici