RDC : des quotas d’exportation de cobalt indexés sur les données des trois dernières années

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La République démocratique du Congo (RDC) s’apprête à instaurer un système de quotas pour l’exportation du cobalt, fondé sur les données de production et d’expédition des trois dernières années. Cette réforme, qui entrera en vigueur le 16 octobre 2025, vise à réguler l’offre du premier producteur mondial de ce métal stratégique.

La RDC fournit plus de 70 % du cobalt mondial, essentiel pour les batteries, les smartphones et les applications militaires. Le nouveau système de quotas remplacera la suspension temporaire des exportations, qui avait perturbé les chaînes d’approvisionnement, notamment en Chine.

Selon plusieurs sources, les autorités congolaises attribueront chaque année des quotas à chaque entreprise, en fonction de leurs performances passées. Les producteurs artisanaux seront exclus, et les grands opérateurs échapperont à un régime de licence supplémentaire.

Le président Félix Tshisekedi a déclaré que toute entreprise ne respectant pas les quotas serait interdite définitivement d’exportation. Il estime que la suspension antérieure a permis une hausse de 92 % des prix du cobalt.

Actuellement, le cobalt se négocie à 19 USD la livre, soit environ 41 890 USD la tonne métrique, contre 10 USD en février dernier. La Banque centrale anticipe un bond des recettes à partir du dernier trimestre 2025 grâce à la reprise des exportations.

Pour le dernier trimestre 2025, le quota est fixé à 18 125 tonnes. En 2026 et 2027, les plafonds annuels seront de 96 600 tonnes chacun. 10 % de cette production sera réservée à des projets stratégiques nationaux.

Un comité multisectoriel (présidence, ministère des Mines, chambre des mines) supervisera l’attribution des quotas, sur base des données historiques et du respect de la réglementation. Des contrôles renforcés sont prévus dans les laboratoires et sites de chargement pour garantir la traçabilité. Les petits producteurs devront obtenir des permis et licences complémentaires.

Glencore, deuxième producteur mondial de cobalt, soutient la réforme. CMOC, numéro un mondial, s’y oppose. Le ministre congolais des Mines, Louis Watum Kabamba, insiste :

« La RDC, qui fournit 70 % du cobalt, doit imposer ses conditions ».

Cette décision intervient dans un contexte de tensions dans l’Est du pays, où les conflits minéraux exacerbent les violences. En parallèle, des efforts diplomatiques pour une intégration économique régionale avec le Rwanda ont échoué, ajoutant à l’incertitude.

Avec ce système de quotas, le gouvernement congolais entend reprendre la main sur la gouvernance du secteur minier, capter davantage de valeur et encourager la transformation locale. Il s’agit d’un levier clé pour la souveraineté économique et pour repositionner la RDC comme acteur influent dans les chaînes de valeur mondiales du cobalt.

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