RDC: Flotte au sol, dettes en altitude, le cri d’alarme des agents de Congo Airways

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Dans une lettre datée du 30 octobre et adressée à la ministre du Portefeuille, le collectif des agents de la compagnie nationale Congo Airways tire la sonnette d’alarme. Dix mois après la nomination du directeur général  arrivé en janvier 2025 , la compagnie n’a toujours pas mis en place le contrat de dry‑lease de deux Airbus A320 pourtant validé par conseil d’administration et financé par l’État.

Le premier appareil, venu d’Afrique du Sud, attend depuis le 15 septembre un simple certificat de l’Autorité de l’aviation civile pour pouvoir voler. Le second, supposé provenir des États‑Unis, « s’est évaporé dans une opacité totale », selon les agents un acompte de 255 000 USD a été viré en juin passé, sans qu’on localise ni le consortium bailleur ni un bordereau de livraison.

Parallèlement, la compagnie, déjà endettée à hauteur de 80 millions USD selon les exercices 2022, souffre d’une tarification jugée « obsolète » et d’une gestion pointée du doigt par l’Inspection générale des finances dès 2021.

Le collectif révèle que «Congo Airways ne vole plus qu’avec un seul avion en leasing».

Il exige un audit indépendant, le respect du contrat‑mandat signé en 2024, et prévient  que sans transparence immédiate, la survie de la compagnie  et les 1 200 emplois directs  est en péril. Une plainte pénale pour détournement serait en préparation.

Quand la compagnie nationale est empêchée d’acheter ou de louer des appareils opérationnels, cela affaiblit la liaison entre les provinces et la capitale, limite la desserte intérieure, ralentit les mouvements de biens et de personnes. Le résultat : un coût supplémentaire pour les affaires, un manque à gagner pour le tourisme, et une fragilisation des entrepreneurs dépendants des connexions aériennes.

La lettre des agents met en lumière des signes préoccupants dont endettement élevé, tarification peu adaptée, absence apparente de suivi transparent. Cela questionne la gouvernance de Congo Airways et la supervision étatique. Une compagnie publique mal outillée ou mal gérée finit par peser sur les finances de l’État, quand elle devrait être un levier de développement économique.

Avec environ 1 200 emplois directs en jeu, toute défaillance de la compagnie entraîne une onde de choc sociale. Par ailleurs, le tissu de l’aviation  maintenance, services aéroportuaires, logistique  se trouve aussi fragilisé. Pour les jeunes congolais qui aspirent à des métiers dans l’aérien, le futur devient soudain incertain.

La crise affichée de Congo Airways dépasse l’entreprise. Elle touche, en filigrane, la capacité de la RDC à tirer parti de son positionnement géographique pour renforcer ses échanges intérieurs et régionaux. C’est un signal d’alerte  sans un sursaut de gouvernance et une stratégie solide, l’aviation congolaise risque de rester un frein plutôt qu’un vecteur de développement.

Le cas de Congo Airways illustre à quel point une compagnie nationale ne doit pas être simplement un service public : elle doit être un moteur économique, bien géré, transparent, et connecté aux réalités du terrain. L’enjeu est clair : redonner à la RDC non seulement une compagnie qui vole… mais une compagnie qui entraîne tout un pays.

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