RDC : Le gouvernement adopte une feuille de route 2025‑2027 pour relancer le recensement national

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Le retour du recensement sur l’agenda national Lors du 67ᵉ Conseil des ministres, la Première ministre Judith Suminwa Tuluka a placé le Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH2) au rang des priorités stratégiques de l’État. L’exécutif a approuvé une feuille de route pour la période 2025‑2027, évaluant les besoins à 188,47 millions USD et fixant un calendrier contraignant pour accompagner un processus longtemps ralenti.

Trois jours après la convocation de la Commission nationale du recensement (CNR) , la première depuis 2013, la cheffe du gouvernement marque un retour du pilotage politique sur ce dossier. Elle entend ainsi renforcer la planification économique, sociale et sécuritaire du pays.

Selon le rapport remis en Conseil des ministres, la phase préparatoire du recensement est « bien engagée » : 84 % des aires de dénombrement provisoires sont déjà constituées, une cartographie pilote testée et les outils techniques prêts à être déployés.

L’enveloppe globale de 188,47 millions USD devra couvrir une période de 30 mois, dès que les fonds seront débloqués. Dans l’urgence, le gouvernement doit mobiliser 35 millions USD d’ici décembre 2025 pour garantir la continuité des opérations prioritaires. Malgré un contexte budgétaire tendu, il s’agit d’un effort jugé « indispensable et incontournable » par la Première ministre. Les partenaires techniques – Banque africaine de développement (BAD), Banque mondiale et Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) – ont renouvelé leur soutien.

Pour accélérer le calendrier, le gouvernement a fixé des directives claires. Sur le plan sécuritaire, une réunion devra être organisée avant le 20 novembre par le vice-premier ministre de la Défense et le ministre d’État au Plan afin d’anticiper les enjeux liés au déploiement du recensement. Par ailleurs, la mutualisation des ressources matérielles est attendue entre les ministères du Plan, de l’Éducation et de la Santé pour optimiser les moyens disponibles. Enfin, le budget détaillé couvrant les besoins urgents pour la période de décembre 2025 à janvier 2026 doit être transmis d’ici la fin de la semaine afin de faciliter les arbitrages financiers nécessaires.

Pour les jeunes entrepreneurs, le secteur privé et les institutions, ce recensement représente un levier majeur. Une base de données démographiques fiable permettra d’orienter les investissements, d’affiner les stratégies de développement, de planifier les infrastructures et d’améliorer la gouvernance territoriale. La dimension sécuritaire, liée à la compréhension des dynamiques territoriales, renforce encore l’enjeu.

Par ailleurs, la Première ministre a salué la reconnaissance par la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) des crimes graves commis en RDC en tant que crimes internationaux, incluant le génocide. Cette décision intervient après deux résolutions adoptées par cette institution et des organisations de la société civile africaine lors de sa 85ᵉ session. Elle fait suite à une démarche de longue haleine portée par le gouvernement congolais.

La reconnaissance ouvre selon la cheffe du gouvernement « un nouveau chapitre » dans le combat pour la reconnaissance internationale du génocide congolais (dit « Genocost »). Elle a salué le travail du Fonds national des réparations des victimes des violences sexuelles liées aux conflits et des victimes des crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité (FONAREV) et de la Commission interinstitutionnelle d’aide aux victimes et d’appui aux réformes (CIA‑VAR), tout en appelant à une campagne de sensibilisation nationale.

Le succès de cette feuille de route dépend fortement de l’engagement financier, de la coordination inter-institutions et de l’implication des acteurs du terrain. Pour les jeunes entrepreneurs et les acteurs du secteur privé, c’est aussi une opportunité : disposer de données actualisées pour orienter leurs projets, identifier les marchés émergents et ajuster leurs stratégies. Pour les ONG et institutions publiques, le recensement est une condition préalable à un développement efficace et à une planification réaliste.

En conclusion, le gouvernement congolais engage un pari ambitieux : relancer un recensement national longtemps bloqué en misant sur la rigueur, la coordination et la transparence. Les 30 mois à venir seront décisifs pour ancrer cette dynamique dans la réalité.

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