Le Réseau Genre et Droit de la Femme (GEDROFE) a réuni ce vendredi 28 novembre 2025, les magistrats, avocats, forces de sécurité et organisations de la société civile lors d’un atelier consacré à l’application effective des deux ordonnances-lois du 11 septembre 2023. Ces textes, signés par le Président Félix Antoine Tshisekedi, constituent aujourd’hui le cœur du dispositif juridique congolais contre les violences basées sur le genre (VBG).
Les deux ordonnances-lois introduisent deux réformes majeures :
- la suppression totale des frais de justice pour les victimes de VBG,
- la création de nouvelles infractions telles que le levira forcé, le chantage, les intimidations, les attouchements ou encore la stigmatisation liée aux violences sexuelles.
Pour Nathalie Yoka, chargée des programmes de GEDROFE, ces lois représentent un tournant décisif pour garantir un accès équitable et gratuit à la justice. Pourtant, leur mise en œuvre demeure très faible. « Notre objectif est de contribuer à leur application effective afin que les victimes bénéficient réellement de ces droits », a-t-elle déclaré.
Les chiffres présentés par GEDROFE dressent un constat alarmant : moins de 1 % des affaires enregistrées aboutissent à une condamnation, tandis que près de 70 % des victimes restent exclues des services juridiques, faute d’information, de moyens ou de dispositifs accessibles. Pire encore, nombre de magistrats et OPJ ignorent l’existence même de ces textes.
Le député honoraire Juvénal Munubo, avocat et initiateur de la réforme du code de procédure pénale, souligne l’importance du monitoring et de la vulgarisation : « La population n’est pas informée. Tant que ces textes ne sont pas connus, ils ne peuvent pas protéger. »
Pour GEDROFE, la vulgarisation nationale s’impose désormais comme une urgence absolue. Sensibilisation, traductions en langues nationales, émissions radios, formations des magistrats et OPJ : autant de stratégies indispensables pour rendre ces lois effectives.
L’organisation rappelle que la lutte contre les VBG ne peut être gagnée que si chaque citoyen connaît ses droits et si chaque acteur judiciaire maîtrise les outils juridiques existants.
Olivier Masini



