Le 22 août 2025, le Palais Impérial de Tokyo s’est transformé en théâtre d’une rare intensité diplomatique. Lors d’une cérémonie du thé empreinte de solennité et de tradition, l’Empereur Naruhito et l’Impératrice Masako ont reçu les dirigeants africains pour clore la 9è Conférence Internationale de Tokyo sur le Développement de l’Afrique (TICAD9). Parmi eux, la Première Ministre de la République Démocratique du Congo, Judith Suminwa Tuluka, dont la présence souligne le statut grandissant de la RDC dans les relations afro-japonaises.
La cérémonie du thé, au-delà du protocole, symbolise l’harmonie, le respect mutuel et la co-création. En accueillant la RDC avec un tel honneur, le Japon réaffirme sa volonté d’établir une relation d’égal à égal, loin des logiques d’assistance unilatérale. Cette approche culturelle, hautement codifiée, est un levier diplomatique puissant, marquant l’ouverture d’une nouvelle ère de coopération économique.
TICAD9 : une plateforme de négociations concrètes
Organisée à Yokohama du 20 au 22 août 2025, la TICAD9 a rassemblé les grands acteurs du développement international : le Japon, l’Union africaine, les Nations Unies et la Banque mondiale. Thématisée sous « Co-créer des solutions innovantes avec l’Afrique », la conférence a mis l’accent sur les investissements privés, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), la formation technologique des jeunes, et la stabilité sécuritaire.
La RDC au cœur des intérêts stratégiques japonais
Sous la conduite de Judith Suminwa, la RDC a enregistré des avancées majeures. Parmi les plus significatives :
- Le financement de projets d’infrastructures routières et énergétiques dans le cadre du Partenariat pour des infrastructures de qualité, une initiative phare du Japon pour contrer l’influence chinoise en Afrique.
- La formation de milliers de jeunes Congolais aux métiers du numérique et de l’intelligence artificielle, un enjeu crucial pour l’inclusion économique et la compétitivité nationale.
- Un appui de 50 millions USD de l’Alliance Gavi pour renforcer la chaîne logistique de la vaccination en RDC, un geste fort en faveur de la santé publique.
- Et surtout, la sortie de la RDC de la liste des pays non éligibles aux crédits japonais. Ce changement ouvre la voie à des investissements majeurs, notamment dans le projet Inga, fer de lance du développement énergétique continental.
Un levier pour le développement économique national
Ces accords offrent à la RDC une opportunité historique : convertir la coopération internationale en moteur de développement endogène. Le renforcement des infrastructures énergétiques facilitera l’industrialisation, tandis que la formation technologique des jeunes favorisera l’émergence d’un secteur numérique local. En outre, l’amélioration de la couverture vaccinale contribuera à une meilleure productivité économique par une population en meilleure santé.
Avec 5,5 milliards USD d’investissements annoncés par le Japon pour l’Afrique, la RDC se positionne stratégiquement pour capter une partie substantielle de ces flux. Les domaines prioritaires sont clairs : énergie, agro-industrie, transformation numérique. Ce partenariat renouvelé pourrait permettre au pays de sortir de la logique extractiviste pour entrer dans une ère de transformation locale des ressources.
La TICAD9 et la cérémonie du thé au Palais Impérial auront marqué plus qu’une simple rencontre diplomatique. Elles consacrent une nouvelle dynamique entre la RDC et le Japon, fondée sur le respect, la co-création et la vision partagée d’un développement durable. Pour la RDC, il s’agit d’un moment charnière : transformer ces engagements en réalisations concrètes, au service de sa population et de son avenir économique.
Olivier Masini
