La République Démocratique du Congo (RDC) traverse une crise silencieuse mais dévastatrice : l’effondrement de sa politique d’investissements publics. Selon une analyse de l’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP), publiée ce vendredi 29 août 2025, moins de 5 % des crédits d’investissement inscrits dans les lois de finances sont exécutés depuis plus d’une décennie. Une situation qui freine la croissance, détruit des opportunités d’emploi et accentue la dépendance du pays aux bailleurs internationaux.
L’absence d’investissements structurants empêche l’émergence d’une économie productive. Les recettes tirées des minerais, bien que considérables, sont peu réinjectées dans des secteurs porteurs comme l’agriculture, l’énergie ou l’industrie manufacturière. Résultat : la croissance reste fragile, volatile et peu inclusive, tandis que l’État continue de dépendre des financements extérieurs, assortis de conditionnalités contraignantes.
Conséquences sociales dramatiques
Cette sous-exécution chronique se traduit par des services sociaux en dégradation constante. Des routes impraticables paralysent le commerce intérieur, des hôpitaux sous-équipés peinent à offrir des soins de base et des écoles délabrées freinent l’accès à l’éducation, surtout dans les zones rurales. Plus de 60 % des jeunes Congolais demeurent sans emploi stable, alimentant frustrations, instabilité politique et, dans l’Est, l’enrôlement dans des groupes armés.
Un système budgétaire à bout de souffle
La suppression du sous-compte investissement – autrefois centralisé à la Banque centrale et garant de discipline budgétaire – a ouvert la voie à une gestion fragmentée et opaque des projets. Cette faille structurelle favorise les détournements et affaiblit le rôle du Ministère du Plan, désormais réduit à une fonction purement administrative. Le nouveau Fonds d’Investissement Stratégique (FIS-RDC), présenté comme une solution, risque de n’être qu’une vitrine politique si les réformes de gouvernance ne sont pas engagées.
Des réformes pour relancer la machine
Pour transformer l’investissement public en levier de développement, l’ODEP recommande : La réhabilitation du sous-compte investissement pour garantir la traçabilité et l’efficacité des dépenses, le renforcement du Ministère du Plan, acteur clé de la planification et du suivi.La priorisation des investissements structurants dans les infrastructures, l’éducation, la santé et l’énergie. Des sanctions exemplaires contre les détournements et la surliquidation des projets.