Le Gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC), à travers le Ministère des Transports, des Voies de Communication et du Désenclavement, vient de lancer un Appel à Manifestation d’Intérêt (AMI) international.
La démarche vise à identifier et présélectionner des partenaires techniques, industriels et financiers pour la conception, le financement, la construction, l’équipement, l’exploitation et la maintenance d’une usine nationale d’assemblage et de montage de trains, locomotives et wagons.
Cette initiative s’inscrit dans la vision de relance industrielle prônée par le Chef de l’État, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, et soutenue par le Plan National de Désenclavement. Elle ambitionne de positionner la RDC comme un acteur régional de la production ferroviaire et du transport durable.
Le transport ferroviaire constitue un pilier essentiel pour un pays-continent comme la RDC. Avec plus de 2 000 kilomètres de voies ferrées souvent vétustes, le besoin de réhabilitation et de modernisation du réseau est urgent. L’usine projetée permettra de réduire la dépendance vis-à-vis des importations de matériel roulant, d’assurer une maintenance locale, et de renforcer la souveraineté industrielle du pays.
Selon le Ministère, cette usine favorisera la création d’emplois qualifiés, le transfert de compétences, et le développement d’une chaîne de valeur ferroviaire locale, capable de produire et d’entretenir les trains nécessaires à la relance économique. Ce projet pourrait également desservir les corridors régionaux stratégiques, notamment le corridor du Lobito reliant la RDC, la Zambie et l’Angola, et le corridor central vers la Tanzanie.
La création d’une usine d’assemblage de trains en RDC représente une opportunité économique à fort impact. Elle ouvre la voie à la valorisation du potentiel minier et industriel grâce à un meilleur transport des minerais et produits manufacturés; la réduction des coûts logistiques internes ; la promotion du contenu local en intégrant des PME congolaises dans la sous-traitance (métallerie, électronique, maintenance) et l’intégration régionale dans le cadre des infrastructures de la ZLECAf et du développement des corridors africains.
Dans un contexte de transition énergétique mondiale, l’usine pourrait aussi encourager la production de matériels ferroviaires hybrides ou électriques, en cohérence avec les objectifs de développement durable.
Pour garantir la réussite du projet, plusieurs facteurs sont déterminants. Un site industriel stratégique, idéalement connecté à un port et à une voie ferrée opérationnelle ; Des partenariats techniques solides avec des acteurs mondiaux expérimentés (CAF, Alstom, CRRC, Siemens, etc.) ; Un cadre réglementaire attractif favorisant les investissements et les incitations fiscales ; Une gouvernance claire et transparente dans le processus de sélection et de gestion du projet enfin, une vision à long terme intégrant la formation de la main-d’œuvre et la durabilité environnementale.
Selon plusieurs analystes, le modèle de Partenariat Public-Privé (PPP) envisagé est le plus adapté, permettant à l’État de mobiliser l’expertise et le capital privé tout en assurant un contrôle stratégique sur le projet.
L’Appel à Manifestation d’Intérêt pour la création de cette usine ferroviaire marque une nouvelle étape dans la politique de transformation structurelle de la RDC. En investissant dans la production locale de trains, wagons et locomotives, le pays affirme sa volonté de passer d’une économie extractive à une économie productive, innovante et intégrée à la dynamique africaine.
Ce projet, s’il est concrétisé, pourrait faire de la RDC un hub ferroviaire régional, catalyseur du développement industriel, du commerce intra-africain et de la mobilité durable.



