Paix ou poudre aux yeux ? L’accord Trump entre la RDC et le Rwanda sous tension

0
65

Sous l’égide du président américain Donald Trump, les présidents de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, et du Rwanda, Paul Kagame, ont renouvelé leur engagement à un accord de paix et à un pacte d’intégration économique à Washington. Cette signature s’inscrit dans un contexte de tensions persistantes dans l’est de la RDC, où les affrontements entre les rebelles du M23 et l’armée congolaise se poursuivent.

Alors que Trump se félicite de mettre fin à « des décennies de guerre », les violences continuent sur le terrain. Au moment même de la signature, des combats étaient signalés dans le Sud-Kivu, accompagnés d’accusations mutuelles de violations du cessez-le-feu. Le groupe armé M23, soutenu par le Rwanda selon l’ONU, n’était même pas présent à Washington et poursuit des négociations parallèles au Qatar.

Derrière cet accord, les ambitions économiques sont claires : l’administration Trump veut renforcer l’accès des États-Unis aux minerais stratégiques de la région (cobalt, cuivre, lithium, or…). L’accord prévoit aussi un engagement sur l’exploitation conjointe des minerais critiques, dans une tentative de contrer l’influence croissante de la Chine dans ce secteur.

Le Dr Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix, a dénoncé un accord plus motivé par la ruée sur les ressources que par un véritable souci de paix. « Ce matin même, dans mon village natal, on enterrait des morts pendant qu’on signait un soi-disant accord de paix à Washington« , a-t-il déclaré.

Depuis juin, peu de progrès ont été observés : la RDC devait neutraliser les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), pendant que Kigali s’engageait à retirer ses troupes. Aucun des deux volets n’a véritablement avancé. De son côté, le président Kagame parle d’un « nouveau dynamisme », tandis que Tshisekedi qualifie l’accord de « tournant historique ».

Le M23, principal protagoniste du conflit armé actuel, n’était ni présent ni signataire. Les accords conclus n’engagent donc pas l’ensemble des parties prenantes. La médiation américaine, bien que spectaculaire, semble ignorer les causes profondes du conflit dans l’est de la RDC, marqué par des tensions ethniques, l’impunité et les compétitions minières.

Alors que l’accord de paix est salué par Washington comme une percée diplomatique, la situation humanitaire se dégrade de milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés. Pour les populations locales, la paix ne peut être mise en scène. Elle exige une solution inclusive, honnête et enracinée dans la réalité du terrain.

Article précédentRDC: Appréciation du franc congolais, performance fiscale réelle ou illusion statistique ?
Article suivantRDC : un accord historique avec le Rwanda ouvre la voie à une paix durable et une coopération régionale renforcée

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici