RDC: le gouvernement veut d’accorder aux États-Unis et à l’Europe l’accès aux ressources minérales en échange de la paix

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Dans une démarche diplomatique audacieuse, le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, aurait proposé d’accorder aux États-Unis et à l’Europe l’accès aux vastes ressources minérales du pays, à condition qu’ils interviennent pour mettre fin au conflit qui ravage le pays.

Dimanche, la porte-parole de la présidence, Tina Salama, a exhorté les États-Unis à « acheter directement des minerais essentiels » à Kinshasa plutôt que de s’approvisionner en ressources « pillées » et « passées en contrebande » par le Rwanda. Elle a lancé le même appel à l’Europe et à d’autres acheteurs, soulignant que la RDC est le « véritable propriétaire » de ces matières premières précieuses.

Mme Salama réagissait à une interview de M. Tshisekedi publiée par le New York Times au cours du week-end, dans laquelle il était cité comme ayant déclaré qu’il n’excluait pas la possibilité d’un accord sur les minerais. M. Tshisekedi a déclaré qu’un tel accord apporterait « beaucoup plus de sécurité et de stabilité » à son pays. Il a également révélé que l’administration Trump avait précédemment exprimé son intérêt pour un approvisionnement direct en minerais stratégiques en provenance du Congo.

L’offre de M. Tshisekedi fait suite aux sanctions imposées par les États-Unis la semaine dernière à l’encontre de James Kabarebe, officier militaire rwandais et ancien ministre de la défense. Le Trésor américain a identifié M. Kabarebe comme étant « un agent de liaison du gouvernement rwandais » avec le M23, un groupe rebelle dirigé par des membres de l’ethnie tutsie qui s’est emparé de villes clés dans l’est de la RDC, notamment la grande ville de Goma. Le groupe a déjà menacé de se diriger vers la capitale, Kinshasa, bien que les analystes considèrent que cela est peu probable étant donné la grande distance de 2 600 kilomètres.

La Chine bénéficie actuellement d’un meilleur accès aux richesses minières du Congo que les États-Unis, tandis que l’Union européenne a négocié avec le Rwanda. L’année dernière, l’UE a accepté de fournir au Rwanda environ 935 millions de dollars en échange de minéraux tels que l’étain, le tungstène et l’or. 

Les ministres des affaires étrangères de l’UE se sont réunis lundi et ne sont pas parvenus à un consensus sur des sanctions immédiates à l’encontre du Rwanda pour son implication présumée dans le conflit. L’Union européenne a toutefois indiqué qu’elle pourrait réévaluer l’accord sur les matières premières qu’elle a conclu avec le Rwanda.

« Nous avons exhorté le Rwanda à retirer ses troupes et le protocole d’accord concernant les matières premières essentielles sera réexaminé », a déclaré lundi la haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Kaja Kallas.

La Belgique, l’ancien dirigeant colonial de la RDC, a signé un accord distinct avec la nation africaine en février 2023 dans le cadre des efforts plus larges de l’UE pour sécuriser les approvisionnements en minerais critiques. Cet accord décrit le Rwanda comme un « acteur majeur » dans l’extraction mondiale du tantale, de l’étain, du tungstène et de l’or, tout en soulignant le « potentiel » du pays dans l’exploitation minière du lithium et des terres rares.

Pillage des richesses minérales

Le Congo et de nombreux rapports des Nations unies ont accusé le Rwanda d’utiliser les troubles pour piller les minéraux et les métaux congolais, tels que l’or, le cuivre, le cobalt et le coltan, essentiels à la fabrication d’appareils de haute technologie et de batteries de véhicules électriques.

Le groupe rebelle M23 se serait emparé de plusieurs régions minières lucratives, et un rapport d’experts des Nations unies publié en décembre indique qu’environ 120 tonnes de coltan sont introduites en contrebande au Rwanda chaque mois.

Le rapport fait également état d’une forte augmentation des exportations de minerais du Rwanda, dont une grande partie proviendrait de la RDC. Le Rwanda a toujours nié les allégations d’exploitation minière.

La RDC reste le premier producteur mondial de cobalt, avec 220 000 tonnes métriques de ce métal extraites l’année dernière, selon les données de l’US Geological Survey.

Près de 70 % du tantale mondial, qui est extrait du cobalt, provient de la RDC et du Rwanda voisin. La région orientale instable du pays abrite également de vastes gisements d’étain et de tungstène.

Il existe également de vastes sources de coltan dans le pays. L’extraction de ce métal a été associée à des « dommages environnementaux à grande échelle, à des violations des droits de l’homme, à la violence et à la mort ». Des rapports indiquent que le travail des enfants est largement utilisé dans des conditions d’exploitation dangereuses, ce qui renforce encore les inquiétudes concernant l’approvisionnement éthique.

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