La rentrée parlementaire de septembre a pris une dimension particulière ce lundi au Palais du Peuple. Dans le respect strict de la Constitution, la Première Ministre, Judith Suminwa Tuluka, a déposé deux documents essentiels : le Projet de Loi de Finances 2026, chiffré à 59.020,5 milliards de CDF (soit 20,3 milliards USD), et le Projet de Loi portant reddition des comptes de l’exercice 2024.
Accompagnée du Vice-premier Ministre en charge du Budget, du Ministre des Finances et du Ministre de la Communication et Médias, la Cheffe du Gouvernement a insisté sur l’importance de cet acte républicain :
« Je suis venue accomplir le devoir constitutionnel qui oblige le Gouvernement à déposer, au plus tard le 15 septembre, le projet de loi de Finances de l’année suivante. Pour 2026, nous avons atteint un budget global de 20,3 milliards USD, soit une progression de 16 % par rapport à l’exercice précédent. »
Un budget ambitieux et tourné vers le social
Selon le Gouvernement, ce budget vise non seulement la stabilité macroéconomique, mais aussi un impact concret sur le quotidien des Congolais. Les priorités retenues couvrent la sécurité et la défense, l’agriculture, les infrastructures, l’énergie, l’éducation et la fonction publique.
Le secteur agricole, clé de la diversification économique, bénéficie d’une approche transversale. Les crédits semblent en apparence réduits, mais une partie est inscrite dans le Programme de Développement Local des 145 Territoires (PDL-145T) et au niveau des investissements provinciaux. En réalité, ces ressources visent à stimuler la production locale, réduire les importations alimentaires et faire baisser le coût de la vie.
En matière d’infrastructures et d’énergie, les allocations budgétaires doivent permettre d’améliorer l’accès à l’électricité, de renforcer le réseau routier et de faciliter les échanges commerciaux. Ces investissements sont essentiels pour créer des emplois et relancer le secteur privé.
Un signal économique fort pour les ménages
Avec une hausse de 16,4 % par rapport au budget rectificatif 2025, arrêté à 17,7 milliards USD, le Budget 2026 reflète une volonté de mobiliser davantage de recettes intérieures et de réduire la dépendance à l’endettement extérieur.
Pour la population, ce budget est porteur d’espoir. Il devrait permettre une meilleure disponibilité des denrées alimentaires locales grâce au soutien à l’agriculture ; l’amélioration des services sociaux de base, notamment l’éducation et la santé ; la création d’emplois dans les chantiers d’infrastructures et les services publics et une plus grande équité grâce à une fiscalité mieux rationalisée.
Ainsi, au-delà des chiffres, c’est la qualité de l’exécution budgétaire qui déterminera si le citoyen ressent une amélioration dans son panier de la ménagère, son accès à l’eau, à l’électricité et à un emploi décent.
La reddition des comptes : un impératif de transparence
En parallèle du dépôt du Budget 2026, le Gouvernement a soumis au Parlement le Projet de Loi de reddition des comptes de 2024. Cet exercice permet de comparer les prévisions et les réalisations.
Pour l’année 2024, la Loi de Finances rectificative avait été votée en équilibre à 44.410,1 milliards CDF. Les recettes effectives ont atteint 35.513,9 milliards CDF, soit un taux de réalisation de 79,97 %.

Si ce chiffre traduit un effort notable dans un contexte économique mondial difficile, il soulève aussi des questions sur la capacité du Gouvernement à maximiser la mobilisation des recettes et à limiter les pertes fiscales liées notamment aux exonérations et à l’informel.
Le dépôt de ce rapport est une avancée démocratique, car il donne au Parlement l’occasion d’examiner en détail l’utilisation des fonds publics et de demander des explications aux gestionnaires. Cette démarche contribue à renforcer la reddition de comptes et à promouvoir la bonne gouvernance financière, deux piliers indispensables pour restaurer la confiance entre l’État et les citoyens.
Pour soutenir l’ambition de ce budget, le Gouvernement mise sur des réformes structurelles dont la digitalisation des régies financières pour limiter la fraude ; la rationalisation des exonérations fiscales et enfin l’amélioration du climat des affaires afin d’attirer les investisseurs.
Ces mesures visent à augmenter les recettes fiscales, financer les priorités sociales et stimuler une croissance inclusive. Pour les entreprises, cela pourrait signifier une fiscalité plus claire et plus équitable, favorable à la compétitivité et à la création d’emplois.
Un budget sous haute surveillance citoyenne
Si le Budget 2026 envoie un signal positif aux bailleurs et investisseurs, il reste surtout attendu par les Congolais eux-mêmes. Car pour beaucoup, la croissance économique n’a de sens que si elle se traduit par : des prix stables sur les marchés, des salaires payés à temps, des services publics de qualité, et une lutte efficace contre la corruption.
L’exigence de reddition de comptes n’est donc pas une simple formalité institutionnelle : elle constitue un outil de contrôle démocratique et un levier pour que les ressources publiques bénéficient réellement à la population.
En 2026, plus que jamais, le budget de l’État doit devenir un instrument au service du bien-être collectif, et non une simple projection comptable.
Olivier Masini



