RDC : un partenariat stratégique pour sécuriser l’approvisionnement américain en minéraux critiques

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La République démocratique du Congo, leader mondial du cobalt et deuxième producteur africain de cuivre, s’impose de plus en plus comme un acteur clé de la transition énergétique mondiale. Alors que la domination chinoise reste forte dans l’exploitation et le commerce des minerais critiques, Kinshasa multiplie les initiatives pour diversifier ses partenariats. Dernier développement en date : une coentreprise stratégique entre la Gécamines et Mercuria, avec le soutien actif des États-Unis.

Le 5 décembre 2025, la Gécamines, société minière publique congolaise a officialisé un accord avec le négociant suisse Mercuria Energy Trading. Ensemble, ils lancent une coentreprise dédiée à la commercialisation des minéraux critiques, en particulier le cuivre et le cobalt. Ce partenariat bénéficie du soutien financier de l’International Development Finance Corporation (DFC), l’agence américaine de financement du développement.

Selon la DFC, cette plateforme vise à sécuriser les chaînes d’approvisionnement américaines, tout en assurant une traçabilité accrue et une meilleure valorisation locale des ressources congolaises.

Dans le cadre de ce projet, les deux partenaires prévoient d’offrir aux entreprises américaines un droit de premier refus sur les volumes commercialisés. Ce mécanisme donne la priorité aux industriels américains pour acquérir les minerais avant qu’ils ne soient proposés à d’autres acheteurs. Un levier stratégique pour les États-Unis, qui cherchent à réduire leur dépendance vis-à-vis de la Chine dans les chaînes de valeur critiques.

La DFC affirme que ce partenariat « renforcera la compétitivité, la transparence et permettra un accès responsable aux ressources essentielles pour la sécurité économique américaine ».

Pour la Gécamines, cet accord constitue une opportunité d’ouverture vers le marché nord-américain. Il s’agit aussi d’un moyen de garantir une tarification internationale plus transparente et de maximiser les retombées économiques locales, notamment via une meilleure négociation des prix à l’export.

En pleine réforme de son secteur minier, la RDC voit dans cette initiative un outil de rééquilibrage géopolitique, face à une forte présence chinoise. Ce partenariat s’inscrit également dans la dynamique de diversification prônée par Kinshasa depuis plusieurs mois.

Ce projet intervient dans un contexte plus large d’accords entre Kinshasa et Washington. En parallèle des discussions sécuritaires liées à la région des Grands Lacs, un accord commercial bilatéral a été conclu, accordant aux entreprises américaines un droit de première offre sur certains gisements et zones d’exploration stratégique de la RDC. Ces blocs sont appelés à constituer une Réserve d’Actifs Stratégiques (RAS), dont les contours seront rendus publics d’ici janvier 2026.

La concrétisation de cette plateforme de négoce et des autres accords annoncés pourrait redessiner la carte du secteur minier congolais, aujourd’hui fortement dépendant des intérêts asiatiques.

De Favre

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