Le nouveau gouverneur de la Banque centrale du Congo entend relancer la politique monétaire au service de l’économie nationale.
André Wameso est officiellement entré en fonction comme gouverneur de la Banque centrale du Congo (BCC) ce lundi 4 août 2025. Lors de la cérémonie de remise et reprise au siège de l’institution à Kinshasa, en présence du ministre des Finances Doudou Fwamba Likunde, le successeur de Malangu Kabedi Mbuyi a livré un discours à la fois empreint d’humilité, de reconnaissance et de volonté d’action.
« J’ai toujours cherché à tirer le meilleur de mes collaborateurs, parce qu’on gagne ensemble et on perd ensemble, » a-t-il déclaré.
soulignant sa détermination à conduire un travail collégial face aux défis économiques. M. Wameso a également exprimé sa gratitude envers le Chef de l’État pour la confiance placée en lui.
Un changement de gouvernance stratégique
Pour Doudou Fwamba, André Wameso incarne une nouvelle dynamique.
« La Banque centrale est un pilier de notre souveraineté monétaire. Nous avons confiance en sa capacité à poursuivre les réformes dans l’intérêt du peuple congolais, » a-t-il affirmé.
Le nouveau patron de la BCC arrive à un moment critique pour l’économie congolaise. Inflation persistante, instabilité du taux de change, dépendance au dollar, sous-bancarisation… la liste des défis est longue. M. Wameso est attendu sur plusieurs dossiers prioritaires.
Parmi les chantiers les plus stratégiques figure celui de la dédollarisation de l’économie. En RDC, plus de 80 % des transactions se font encore en dollars américains, un phénomène qui affaiblit la monnaie nationale et limite l’efficacité de la politique monétaire.
Malgré les efforts engagés sous le mandat de Malangu Kabedi, la dédollarisation est restée largement symbolique. Pour les analystes, il faudra une approche pragmatique, combinant incitations fiscales, mesures réglementaires et digitalisation accrue des paiements en francs congolais.
Autre défi de taille : l’inclusion financière. En 2024, seuls 27 % des Congolais avaient accès à un compte bancaire formel. Le nouveau gouverneur entend inverser cette tendance en renforçant les partenariats avec les fintechs, les banques de proximité et les institutions de microfinance.
Une politique monétaire plus proche du terrain devra également restaurer la confiance des citoyens envers la BCC, souvent perçue comme distante ou inefficace. La transparence, la communication périodique et la rigueur dans la gestion des réserves et des taux directeurs seront déterminants.
Un leadership attendu à tous les niveaux
Si le profil technique d’André Wameso est salué — il était jusque-là directeur de cabinet adjoint du Chef de l’État en charge des questions économiques —, c’est surtout sa capacité à mobiliser les talents internes de la BCC qui sera scrutée.
Le secteur privé, les investisseurs et les partenaires internationaux attendent des signaux forts : maîtrise de l’inflation, stabilité du cadre macroéconomique, promotion de la monnaie nationale. En somme, un pilotage cohérent qui inspire confiance.
Le mandat de M. Wameso pourrait marquer un tournant si la BCC devient un acteur plus réactif, plus innovant et pleinement aligné avec les réalités congolaises. Car au-delà des discours, c’est bien la rigueur dans les actes et les résultats tangibles qui permettront de juger son passage à la tête de cette institution-clé de la souveraineté économique.