La corruption demeure l’un des principaux obstacles au développement économique et à la bonne gouvernance en République démocratique du Congo. Pour y faire face, le Collectif « Le Congo n’est pas à vendre » (CNPAV) a organisé à Kinshasa un forum national sur le thème : « La justice face à la corruption ».
Magistrats, représentants d’organes de contrôle, organisations de la société civile (OSC) et acteurs judiciaires se sont réunis pour identifier des solutions concrètes et renforcer la collaboration entre institutions publiques et société civile.
Les discussions ont mis en lumière des obstacles persistants.
« Nous sommes complaisants vis-à-vis de nous-mêmes. Nous attendons l’occasion pour profiter d’un contexte ou d’une culture de corruption. Il faut changer les mentalités et mettre fin à l’impunité », a déclaré Salomon Tudieshe, procureur de la République près la Cour des comptes.
Dirk Shark, coordonnateur du CNPAV, a pointé un problème majeur : le manque de suivi judiciaire.
« Nous déplorons que les cas de dénonciations produits ne soient pas suivis d’actions judiciaires concrètes. »
À l’issue des échanges, plusieurs recommandations clés ont été formulées:  renforcer la transparence dans les procédures judiciaires; mettre en place un mécanisme de suivi des plaintes et dénonciations; former les magistrats et enquêteurs aux techniques modernes d’investigation anticorruption
; créer un cadre de collaboration entre OSC et organes étatiques de contrôle.
Ces mesures visent à restaurer la confiance envers la justice et à améliorer l’environnement des affaires, un levier essentiel pour attirer les investissements.
En RDC, la corruption n’est pas seulement un problème moral ou judiciaire : elle coûte chaque année plusieurs milliards de dollars en pertes fiscales et en détournements, selon des estimations internationales. Ces ressources manquent cruellement pour financer les routes, les hôpitaux ou les écoles.
Dans un pays riche en ressources mais marqué par une forte pauvreté, l’opacité dans la gestion publique entretient les inégalités et freine la croissance. Une justice indépendante et efficace est perçue comme une condition indispensable pour dynamiser l’économie et créer des emplois.
La société civile, vigie citoyenne
La société civile congolaise joue un rôle central dans la dénonciation des abus et la sensibilisation de l’opinion publique. Mais son efficacité repose sur sa capacité à coopérer avec les institutions. Le CNPAV insiste sur la nécessité d’un engagement politique ferme pour appliquer la loi « sans distinction et sans exception ».
En clôturant le forum, le CNPAV a réaffirmé sa volonté de « briser le cycle de l’impunité » et de promouvoir une justice indépendante au service de l’intérêt général.
Ce rendez-vous marque une étape vers une alliance stratégique entre l’État et la société civile pour bâtir une RDC plus intègre, responsable et économiquement compétitive
Olivier Masini
 
             
 
		